Prise de la Bastille

Personnes au château de la Bastille, (Musée de la Révolution française) .

Une peinture témoin oculaire du siège de la Bastille par Claude Cholat

Un plan de la Bastille et des bâtiments environnants réalisé immédiatement après 1789 ; le point rouge marque la perspective de la peinture de Claude Cholat sur le siège.

Le matin du 14 juillet 1789, la ville de Paris était en état dalerte. Les partisans du Tiers État en France, désormais sous le contrôle de la milice bourgeoise de Paris (qui deviendra bientôt la garde nationale de la France révolutionnaire), avaient auparavant pris dassaut lHôtel des Invalides sans rencontrer dopposition significative. Leur intention était de rassembler les armes qui sy trouvaient (29 000 à 32 000 mousquets, mais sans poudre ni plomb). Le commandant des Invalides avait pris les jours précédents la précaution de transférer 250 barils de poudre à canon à la Bastille pour un stockage plus sûr.

À ce stade, la Bastille était presque vide, nabritant que sept prisonniers: quatre faussaires; James F.X. Whyte, un «fou» emprisonné à la demande de sa famille; Auguste-Claude Tavernier, qui avait tenté dassassiner Louis XV trente ans auparavant; et un aristocrate «déviant», le comte de Solages, emprisonné par son père avec une lettre de cachet (alors que le marquis de Sade avait été transféré dix jours plus tôt).

Le coût élevé du maintien dune garnison forteresse médiévale, pour ce qui était considéré comme ayant un but limité, avait conduit à une décision prise peu de temps avant que les troubles ne commencent à la remplacer par un espace public ouvert. Au milieu des tensions de juillet 1789, le bâtiment est resté comme un symbole de la tyrannie royale.

La garnison régulière se composait de 82 invalides (soldats vétérans qui nétaient plus aptes au service sur le terrain). Il avait cependant été renforcé le 7 juillet par 32 grenadiers du régiment suisse Salis-Samade des troupes régulières du Champ de Mars. Les murs montaient 18 canons de huit livres et 12 pièces plus petites. Le gouverneur était Bernard-René de Launay, fils du gouverneur précédent et né dans la Bastille.

Arrestation de Launay, par Jean-Baptiste Lallemand, 1790, (Musée de la Révolution française)

Arrestation de Launay par un artiste inconnu. Une analyse en 2013 des dimensions de la Bastille a montré quelle ne dominait pas le quartier comme le montrent les peintures, mais était dune hauteur comparable à dautres bâtiments du quartier.

La liste officielle des vainqueurs de la Bastille (conquérants de la Bastille) compilée par la suite compte 954 noms, et le total de la foule était probablement moins de mille. Une ventilation des professions incluses dans la liste indique que la majorité était des artisans locaux, ainsi que des déserteurs de larmée régulière et quelques catégories distinctes, telles que 21 marchands de vin.

La foule sest rassemblée à lextérieur de la forteresse vers le milieu matin, appelant au retrait du canon apparemment menaçant des embrasures des tours et des murs et à la libération des armes et de la poudre à canon stockées à lintérieur. Deux représentants de lHôtel de Ville (autorités municipales de la mairie) ont été invités dans la forteresse et les négociations ont commencé, tandis quun autre a été admis vers midi avec des revendications précises. Les négociations séternisèrent tandis que la foule grandissait et simpatientait. Vers 13h30, la foule a envahi la cour extérieure non défendue. Un petit groupe est monté sur le toit dun immeuble à côté de la porte de la cour intérieure de la forteresse et a brisé les chaînes du pont-levis, écrasant un vainqueur en tombant. Les soldats de la garnison ont appelé le peuple à se retirer, mais au milieu du bruit et de la confusion, ces cris ont été mal interprétés comme un encouragement à entrer. Des coups de feu ont commencé, apparemment spontanément, transformant la foule en foule. La foule semble avoir senti quelle avait été intentionnellement attirée dans un piège et les combats sont devenus plus violents et intenses, tandis que les tentatives des députés dorganiser un cessez-le-feu ont été ignorées par les assaillants.

, et après 15 heures, les assaillants sont renforcés par des gardes françaises mutines, ainsi que deux canons. Une force importante de troupes de larmée royale campées sur le Champ de Mars nintervient pas. La possibilité dun carnage mutuel apparaissant soudainement, le gouverneur de Launay ordonna à la garnison de cesser de tirer à 17 heures. Une lettre écrite par de Launay offrant la reddition mais menaçant de faire exploser les stocks de poudre détenus si la garnison nétait pas autorisée à évacuer la forteresse indemne, a été remise aux assiégeants par un trou dans la porte intérieure.Ses demandes nont pas été satisfaites, mais Launay a néanmoins capitulé, car il sest rendu compte quavec des stocks de nourriture limités et sans approvisionnement en eau, ses troupes ne pourraient plus tenir longtemps. Il ouvrit en conséquence les portes, et les vainqueurs envahirent la forteresse à 17h30.

Quatre-vingt-dix-huit assaillants et un défenseur étaient morts dans le combat proprement dit, une disparité expliquée par la protection fourni à la garnison par les murs de la forteresse. Launay a été saisi et traîné vers lHôtel de Ville dans une tempête dabus. A lextérieur de lhôtel, une discussion sur son sort a commencé. Le Launay sévèrement battu a crié « Assez! Laissez-moi mourir! » et a donné un coup de pied à un pâtissier nommé Dulait dans laine. Launay a ensuite été poignardé à plusieurs reprises et est mort. Un voyageur anglais, le docteur Edward Rigby, rapporta ce quil vit, «aperçut deux têtes ensanglantées dressées sur des piques, qui auraient été les têtes du marquis de Launay, gouverneur de la Bastille, et de M. Flesselles, Prévôt des Marchands. Cétait un spectacle effrayant et horrible! … Choqué et dégoûté de cette scène, se retira aussitôt des rues. « 

Les trois officiers de la garnison permanente de la Bastille furent également tués par la foule; les rapports de police survivants détaillent leurs blessures et leurs vêtements.

Deux des invalides de la garnison ont été lynchés, mais tous sauf deux des réguliers suisses du régiment de Salis-Samade ont été protégés par les gardes français et finalement relâchés à retourner dans leur régiment. Leur officier, le lieutenant Louis de Flue, a rédigé un rapport détaillé sur la défense de la Bastille, qui a été incorporé dans le journal de bord de la Salis-Samade et a survécu. Il critique (peut-être injustement) le marquis décédé de Launay, que Flue accuse de leadership faible et indécis. La faute de la chute de la Bastille semblerait plutôt résider dans linertie des commandants des 5 000 soldats de lArmée royale campés sur le Champ de Mars, qui nont pas agi lors de lattaque de lhôtel des Invalides tout proche ou de la Bastille.

Gravure, c. 1789: milice hissant les têtes de Flesselles et du marquis de Launay sur des piques. La légende se lit comme suit: « Ainsi nous nous vengerons des traîtres ».

Sans -culottes portant des casquettes phrygiennes emblématiques et des cocardes tricolores

De retour à lHôtel de Ville, la foule a accusé le prévôt dès marchands (en gros, le maire) Jacques de Flesselles de trahison, et il a été assassiné alors quil se rendait à un prétendu procès au Palais-Royal.

La Place de la Bastille et la colonne de juillet où se trouvait autrefois la Bastille.

Le roi na appris la prise dassaut que le lendemain matin par lintermédiaire du duc de La Rochefoucauld. «Est-ce une révolte? demanda Louis XVI. Le duc répondit: «Pas de père, ce nest pas une révolte; cest « une révolution ».

À Versailles, lAssemblée est restée ignorante de la plupart des événements de Paris, mais parfaitement consciente que le maréchal de Broglie était sur le point de déclencher un coup dÉtat pro-royaliste pour forcer lAssemblée dadopter larrêté du 23 juin puis de se dissoudre. Noailles était apparemment le premier à apporter à Versailles des nouvelles raisonnablement exactes des événements de Paris. M. Ganilh et Bancal-des-Issarts, dépêchés à lHôtel de Ville, confirmèrent son rapport.

Au matin du 15 juillet, le résultat parut clair au roi également, et lui et ses militaires les commandants ont reculé. Les vingt-trois régiments de troupes royales concentrés autour de Paris se dispersent dans leurs garnisons frontalières. Le marquis de la Fayette prit le commandement de la garde nationale à Paris; Jean-Sylvain Bailly – chef du Tiers État et instigateur du serment du court de tennis – est devenu le maire de la ville sous une nouvelle structure gouvernementale connue sous le nom de Commune de Paris. Le roi a annoncé quil rappellerait Necker et rentrerait de Versailles à Paris ; le 17 juillet, à Paris, il accepte une cocarde tricolore de Bailly et entre à lHôtel de Ville aux cris de «Vive le roi» et «Vive la nation».

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *