La phrase a été attribuée pour la première fois à Marie-Antoinette en 1789, prétendument prononcée pendant lune des famines en France sous le règne de son mari, le roi Louis XVI.
Bien que les anti-monarchistes naient jamais cité lanecdote pendant la Révolution française, elle a acquis une grande importance symbolique dans les récits historiques ultérieurs lorsque les commentateurs pro-révolutionnaires ont utilisé lexpression pour dénoncer les classes supérieures de lAncien Régime comme inconscientes et rapaces. Comme le note un biographe de la reine, cétait une phrase particulièrement puissante car «laliment de base de la paysannerie française et de la classe ouvrière était le pain, absorbant 50 pour cent de leurs revenus, contre 5 pour cent sur le carburant; tout le sujet du pain était donc le résultat dun intérêt national obsessionnel. «
La phrase apparaît dans le livre six des Confessions de Jean-Jacques Rousseau, dont les six premiers livres ont été écrits en 1765, alors que Marie-Antoinette avait neuf ans, et publié en 1782. Dans le livre, Rousseau raconte un épisode dans lequel il cherchait du pain pour accompagner du vin quil avait volé. Se sentant trop élégamment habillé pour entrer dans une boulangerie ordinaire, il rappelait les paroles dune «grande princesse»:
Je me suis enfin souvenu du dernier recours dune grande princesse qui, quand on lui a dit que les paysans navaient pas de pain, a répondu: « Alors laissez-les manger des brioches. »
– Jean-Jacques Rousseau, Confessions
Rousseau fait n ot nommez la « grande princesse » et il a peut-être inventé lanecdote, car les Confessions ne sont pas considérées comme entièrement factuelles.
La phrase a été attribuée à Marie-Antoinette par Alphonse Karr dans Les Guêpes de mars 1843. Objections à la légende de Marie-Antoinette et le centre de commentaires sur les arguments concernant la personnalité de la reine, les témoignages internes des membres de la famille royale française et la date de lorigine du dicton. A savoir, le biographe anglophone de la reine a écrit en 2002:
a été dit 100 ans avant elle par Marie-Thérèse, la femme de Louis XIV . Cétait une déclaration insensible et ignorante et elle, Marie Antoinette, ne létait ni.
– Antonia Fraser, Foire du livre dÉdimbourg 2002
Pour tenter de justifier une attribution alternative de la phrase à la femme de Louis XIV, Fraser cite les mémoires de Louis XVIII, qui navait que quatorze ans lorsque les Confessions de Rousseau furent écrites et dont les propres mémoires furent publiés beaucoup plus tard. Il ne mentionne pas Marie-Antoinette dans son récit, mais déclare que lhistoire était une vieille légende et que la famille a toujours cru quune princesse espagnole qui avait épousé Louis XIV dans les années 1660 était à lorigine de la phrase. Ainsi, Louis XVIII est aussi susceptible que dautres davoir eu son souvenir affecté par la diffusion rapide et la déformation de la remarque originale de Rousseau.
Fraser souligne également dans sa biographie que Marie Antoinette était un généreux mécène de caritatif et ému par le sort des pauvres quand il a été porté à son attention, rendant ainsi la déclaration hors de son caractère pour elle. Cela rend encore plus improbable que Marie Antoinette ait jamais dit cette phrase.
Une deuxième considération est quil ny a pas eu de véritable famine pendant le règne du roi Louis XVI et seulement deux incidents de graves pénuries de pain, le premier en avril-mai 1775, quelques semaines avant le couronnement du roi le 11 juin 1775, et le deuxième en 1788, lannée avant la Révolution française. Les pénuries de 1775 ont conduit à une série démeutes qui ont eu lieu dans le nord, lest et louest de la France, connue à lépoque sous le nom de guerre de la farine (guerre des farines). Les lettres de Marie-Antoinette à sa famille en Autriche à cette époque révèlent une attitude largement contraire à lesprit de Laissez-les manger de la brioche:
Il est tout à fait certain que en voyant ceux qui nous traitent si bien malgré leur propre malheur, nous sommes plus que jamais obligés de travailler dur pour leur bonheur. Le roi semble comprendre cette vérité.
– Marie Antoinette
Un autre problème avec les dates entourant lattribution est que lorsque la phrase est apparue pour la première fois, Marie Antoinette nétait pas seulement trop jeune pour lavoir dit, mais vivant aussi hors de France. Bien que publiées en 1782, les Confessions de Rousseau furent achevées treize ans auparavant en 1769. Marie-Antoinette, alors âgée de seulement quatorze ans, narrivera à Versailles depuis lAutriche quen 1770. Puisquelle lui était totalement inconnue au moment de la rédaction , elle naurait pas pu être la « grande princesse » quil a mentionnée.
Limpopularité croissante de la reine dans les dernières années avant le déclenchement de la Révolution française a probablement également influencé beaucoup de gens à lui attribuer cette phrase Lors de son mariage avec Louis XVI, ses détracteurs ont souvent cité sa frivole perçue et son extravagance très réelle comme des facteurs qui ont considérablement aggravé la situation financière de la France.Sa naissance autrichienne et son sexe ont également diminué sa crédibilité dans un pays où la xénophobie et le chauvinisme commençaient à exercer une influence majeure sur la politique nationale. Alors que les causes des malheurs économiques de la France sétendaient bien au-delà des dépenses de la famille royale, les polémiques anti-monarchistes diabolisaient Marie-Antoinette comme Madame Déficit, qui avait à elle seule ruiné les finances de la France. Ces libellistes ont imprimé des histoires et des articles vilipendant sa famille. et leurs courtisans avec des exagérations, des anecdotes fictives et des mensonges. Dans le climat politique tumultueux, il aurait été une calomnie naturelle de mettre les mots célèbres dans la bouche de la reine largement méprisée.
Une autre hypothèse est quaprès la révolution, lexpression, initialement attribuée à une grande variété de princesses de la famille royale française, finit par se coller à Marie-Antoinette parce quelle était en fait la dernière et la mieux connue «grande princesse» de Versailles. a également été précédemment attribué à deux des filles de Louis XV: Madame Sophie et Madame Victoire.
Dans son roman de 1853 Ange Pitou, Alexandre Dumas attribue la citation à lune des La favorite de e « , la duchesse de Polignac.